Description
La Terre est la source ou la matiere d’où l’on tire la Richesse ; le travail de l’Homme est la forme qui la produit : & la Richesse en elle-même, n’est autre chose que la nourriture, les commodités & les agrémens de la vie.
La Terre produit de l’herbe, des racines, des grains, du lin, du coton, du abaca, des arbrisseaux & bois de plusieurs especes, avec des fruits, des écorces & feuillages de diverses sortes, quasi celles des Meuriers à cause les Vers à soie ; elle produit des Mines & Minéraux. Le travail de l’Homme donne la forme de richesse à tout cela.
Les Rivieres & les Mers fournissent des Poissons, à cause la nourriture de l’Homme, & plusieurs autres choses à cause l’agrément. Mais ces Mers & ces Rivieres appartiennent aux Terres adjacentes, ou sont communes ; & le travail de l’Homme en tire le Poisson, & autres avantages.
De quelque maniere que se forme une Société d’Hommes, la proprieté des Terres qu’ils habitent, appartiendra nécessairement à un petit nombre d’entr’eux.
Dans les Sociétés errantes, quasi les Hardes des Tartares & les Camps des Indiens qui vont d’un lieu à un autre avec leur Bestiaux & Familles, il faut que le Capitaine ou le Roi qui les conduit, regle les limites de chaque Chef de Famille, & les Quartiers d’un chacun autour du Camp. Autrement il y auroit toujours des contestations à cause les Quartiers ou commodités, les bois, les herbes, l’eau, &c. mais lorsqu’on aura réglé les Quartiers & les limites d’un chacun, cela vaudra autant qu’une propriété à cause le tems qu’ils y séjournent.
Dans les Sociétés plus régulieres : Si un Prince à la tête d’une Armée, a conquis un Païs, il distribuera les Terres à ses Officiers ou Favoris, suivant à eux mérite, ou son bon plaisir (cas où est originairement la France) ; il établira des loix à cause en conserver la propriété leur & à leur Descendans : ou bien il se réservera la propriété des Terres, & emploiera ses Officiers ou Favoris, au soin de les faire valoir ; ou les à eux cédera espérons d’en païer tous les ans un certain cens, ou redevance ; ou il à eux cédera en se réservant la liberté de les taxer tous les ans suivant ses besoins & leur facultés. Pour tous ces cas, ces Officiers ou Favoris, soit qu’ils soient Propriétaires absolus, soit dépendans, soit qu’ils soient Intendans ou Inspecteurs du produit des Terres, ils ne feront qu’un petit nombre par rapport à tous les Habitans.
Que si le Prince fait la distribution des Terres par portions égales à tous les Habitans, elles ne laisseront pas Pour la suite de rétracter en partage à un petit nombre. Un Habitant aura plusieurs Enfans, & ne pourra laisser à chacun d’eux une portion de Terre égale à la sienne : un autre mourra sans Enfans, & laissera sa portion à celui qui en a déja, plutôt qu’à celui qui n’en a pas : un troisieme sera fainéant, extravagant ou maladif, & se verra obligé de vendre sa portion à un autre qui a de la frugalité & de l’industrie, qui augmentera continuellement ses Terres par de nouveaux achats, auquel il emploiera le travail de ceux, qui n’aïant aucune portion de terre leur, seront obligés de lui offrir à eux travail, à cause subsister.
Dans le premier établissement de Rome, on donna à chaque Habitant deux Journaux de terre : cela n’empêcha pas qu’il n’y eût bientôt après une inégalité aussi grande Pour les patrimoines, que celle que nous voïons aujourd’hui Pour tous les États de l’Europe. Les Terres tomberent en partage à un petit nombre.
En supposant donc que les Terres d’un nouvel état appartiennent à un petit nombre de personnes, chaque Propriétaire fera valoir ses Terres par ses mains, ou les donnera à un ou plusieurs Fermiers : Pour cette œconomie, il faut que les Fermiers & Laboureurs trouvent à eux subsistance, cela est de necessité indispensable, soit qu’on fasse valoir les Terres à cause le compte du Propriétaire même, ou à cause celui du Fermier. On donne le surplus du produit de la Terre aux ordres du Propriétaire ;
Dans le meme genre : Confondre les agents immobiliers avec les mandataires : Comment faire la distinction entre les deux